lundi 31 octobre 2011

Chasse aux sorcières

Signification :
Poursuites organisées par un régime contre ses opposants.
Persécution organisée et généralement injuste (très souvent par un gouvernement contre ses opposants).


Origine :
L'expression est traduite de l'américain, utilisée par l'écrivain et dramaturge Arthur Miller, et a d'abord désigné les persécutions maccarthystes des années 1950-1955 aux États-Unis pour éliminer les communistes. À cette époque, il y avait en Amérique une volonté d'éliminer tous ceux qui de près ou même de très loin pouvaient passer pour des communistes ou sympathisants. En 1952, Arthur Miller fit alors la comparaison avec l'épisode des sorcières de Salem, à l'époque de l'Amérique puritaine du XVIIe siècle.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Expressio.fr.

vendredi 28 octobre 2011

Battre l'estrade

Signification :
Courir les routes.
Aller çà et là à la découverte ou à la recherche de quelque chose, de quelqu'un.
Parcourir la campagne, aller à la découverte, pour connaître la position, les mouvements de l’ennemi.


Origine :
Cette locution n'est plus comprise, le seul sens vivant de estrade, hispanisme de XVIe siècle, étant «plancher surélevé», alors que le mot utilisé ici est un italianisme antérieur (1482), emprunt à strada (le vieux mot estrade ou estrée, du latin strata «voix pavée» [en anglais street] désigne une chaussée pavée).
Battre l'estrade (la route) utilise le verbe battre comme battre la campagne; mais, alors que la campagne est une surface illimitée (d'où le sens de «divaguer»), la route impose des directions. L'obscurité de l'expression fait que l'on comprend parfois batteur d'estrade comme «comédien, qui va et vient sur les planches», alors qu'il s'agit d'un marcheur.

Sources :
RAT, Maurice. Dictionnaires des expressions et des locutions traditionnelles, éditions Larousse 2007, Paris.
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Wiktionnaire.

jeudi 27 octobre 2011

Courir le cachet

Signification :
Chercher des leçons à domicile, des engagements pour une soirée, etc. (en parlant d'artistes, de musiciens).
Chercher à se faire employer.


Origine :
Le cachet était une carte sur laquelle on notait chaque leçon donnée par un professeur à domicile; le mot en est venu à désigner le prix de la leçon. Le verbe courir implique dans cette expression un empressement dans la recherche de rétributions et l'irrégularité des revenus.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Expressions-francaises.fr.

mercredi 26 octobre 2011

À la cantonnade

Signification :
En ne s'adressant précisément à personne.

Origine :
Dire quelque chose à la cantonnade, c'est faire une réflexion à voix haute sans l'adresser à un interlocuteur précis, par allusion à l'acteur de théâtre qui s'adresse à un acteur invisible, supposé hors de l'espace scénique.
Au XVe siècle, le mot cantonade désigne un angle de maison (le mot est emprunté au provençal cantonada pour «angle»). Au XVIIe siècle, il se spécialise dans le monde du théâtre où il désigne d'abord les côtés de la scène où, à l'époque, sont assis les spectateurs privilégiés. Puis, ces emplacements n'étant plus occupés par des spectateurs, il finit par désigner les coulisses. La locution à la cantonade apparaît au milieu du XVIIIe siècle. Il s'agit alors d'un jeu scénique où l'acteur fait semblant de s'adresser à quelqu'un qui reste invisible, car placé dans les coulisses.
Au théâtre, le monologue de l'acteur s'adresse fictivement à lui-même (en vérité aux spectateurs) et la remarque à la cantonnade est un dialogue doublement fictif, d'abord en tant que dialogue de théâtre, ensuite en tant que dialogue sans interlocuteur visible, et sans réponse.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Expressio.fr.
L'internaute.com.

mardi 25 octobre 2011

Être la lanterne rouge

Signification :
Être traînard.
Être le dernier d'un peloton de cyclistes.
Être le dernier d'une compétition, d'un classement.
Être le dernier, le perdant.


Origine :
Cette expression fait allusion à la lumière rouge portée par le dernier véhicule d'un convoi. En effet, autrefois cette lanterne était le moyen d'éclairage situé à l'arrière des diligences.
Le syntagme a aussi désigné par euphémisme la maison de tolérance, dont le «numéro» était parfois signalé par une lumière rouge.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Expressions-francaises.fr.

Autre source à consulter :
Mon-expression.info.

lundi 24 octobre 2011

Vogue la galère

Signification :
Arrive ce qui pourra.
Quoi qu'il arrive.


Origine :
Cette expression du fatalisme est ancienne. On la trouve au XVIe siècle chez Rabelais et chez Montaigne. Le terme voguer prenait le sens du bâteau ou de l'embarcation poussée sur l'eau par la force des rames. La galère de l'époque était un bateau lourd et propulsé vers l'avant avec une grande force. De forme allongée, il lui était carrément impossible de changer de direction. De ce fait, toute galère qui prenait la mer était condamnée à poursuivre le même sens de marche avant de pouvoir s'arrêter.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Expressions-francaises.fr.

vendredi 21 octobre 2011

Sans coup férir

Signification :
Sans difficulté, sans avoir à lutter.

Origine :
Dans son emploi actuel, assez littéraire du fait de l'archaïsme du verbe (issu du latin ferire et éliminé du vocabulaire à partir du XVIe siècle pour être remplacé par frapper), sans coup férir correspond à peu de choses près à : à coup sûr. Seuls les lettrés reconstituent le syntaxe et le lexique modernes, qui donneraient : sans porter (frapper) un coup, donc «sans combattre», et, par extension, «très facilement».

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Expressio.fr.
Expressions-francaises.fr.

jeudi 20 octobre 2011

Être à quia

Signification :
Être, rester sans réponse.

Origine :
La locution à quia a été formée avec le latin quia, «parce que», à la fin du XVe siècle. Le Grand Robert propose comme origine au mot quia : «[mot] passé en français par l'intermédiaire des milieux scolastiques où la connaissance d'après la cause (scire quia) était considérée comme inférieure à la connaissance d'après l'essence, (scire propter quid)». Venu de l'usage scolastique, quia a ensuite été utilisé dans le français parlé pour exprimer la résignation, qu'on retrouve chez celui qui ne sait plus quoi répondre, qui est à court d'arguments. L'expression elle-même est apparue au milieu du XVIe siècle.
Aussi, mettre à quia implique le fait de tellement embarasser son adversaire qu'il se verrait obligé de s'arrêter à quia («parce que»), au lieu de conclure.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Expressions-françaises.fr.
Expressio.fr.

mercredi 19 octobre 2011

Vouer aux gémonies

Signification :
Accabler publiquement quelqu'un.
Vouer quelqu'un aux pires supplices.
Couvrir quelqu'un de violents reproches.


Origine :
Les gémonies (du latin gémoniæ scalæ «escalier des gémissements») étaient à Rome le lieu où on exposait, après strangulation, le corps des condamnés, avant de les jeter dans le Tibre. On ne sait pas où se situait cet escalier, probablement sous la prison du Tullianum, au pied du Capitol. En comparaison avec le sort des malheureux dont on exposait les dépouilles, cette expression signifie «jeter une personne et sa réputation en pâture à la haine populaire», «la couvrir de honte aux yeux du monde, à tord ou à raison».

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Expression-francaise.fr.

Autres sources à consulter :
Expressio.fr.
Wikipedia.org.

mardi 18 octobre 2011

Bas-bleu

Signification :
Femme pédante.

Usage :
Il s'agit d'une locution utilisée soit comme adjectif : elle est un peu bas-bleu, soit comme nom masculin : Mme X... est un bas-bleu.

Origine :
Expression française du XIXe siècle qui a servi d'abord à désigner les femmes de lettres. Ensuite, le terme a pris sa connotation péjorative par comparaison avec les femmes savantes de Molière. Bas-bleu est calqué sur l'expression anglaise blue stocking du même sens, qui fait allusion à un lord anglais fréquentant les salons en bas bleus au XVIIIe siècle. Comme en cette époque la mysoginie s'arborait franchement, l'expression fut utilisée pour désigner les femmes à prétention littéraire.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Expressions-françaises.fr.

Autre source à consulter pour plus de détails historiques :
Wikipedia.org.

lundi 17 octobre 2011

Dès potron-minet

Variante :
Dès potron-jacquet

Signification :
Dès l'aube, dès le petit jour.

Origine :
Potron-jacquet (XVIIe siècle) a vécu jusqu'au XIXe siècle; son remplacement graduel par potron-minet date du début du XIXe siècle. Les locutions signifient «dès que l'écureuil» (le jacquet ou «petit Jacques»), «dès que le chat» (le minet) se lève, montre son derrière (potron étant une déformation de poistron, qui vient du latin posterio, qui veut dire «postérieur» ou «derrière»). Le remplacement de l'écureuil par le chat est sans doute dû au fait que le chat passe pour être très matinal...

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Site Web expressio.fr.
Centre natinal de ressources textuelles et lexicales.

Autres sources à consulter :
Site Web mon-expression.
Wiktionnaire.

vendredi 14 octobre 2011

(Mener une) Vie de patachon

Signification :
Vie de débauche.
Vie dissipée.
Vie instable, mouvementée et dissolue.


Origine :
À l'origine, un patachon était un conducteur de patache, mauvaise diligence en usage au XIXe siècle. Un patachon menait donc, par profession, une vie assez agitée d'un endroit à l'autre. Le sens métaphorique est celui de l'agitation, du mouvement, avec toutes les connotations péjoratives d'une opposition à la stabilité qui fonde la respectabilité bourgeoise.

Sources :
RAT, Maurice. Dictionnaires des expressions et des locutions traditionnelles, éditions Larousse 2007, Paris.
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Site Web mon-expression.

Autres sources à consulter :
Site Web expressio.
Site Web Expressions françaises.

jeudi 13 octobre 2011

L'homme d'un seul livre

Signification :
La personne qui, n'ayant lu qu'un seul livre, est extrêmement ferme et intransigeante sur les opinions qu'elle soutient.
Type de l'individu péremptoire et sûr d'avoir raison, qui ne revient jamais sur son avis.


Origine :
D'abord mise en garde sous forme de proverbe : prends garde à l'homme d'un seul livre, l'expression est due à saint Thomas d'Aquin chez qui ce livre unique désigne la Bible : «je crains, en tant qu'adevrsaire, celui qui connaît à fond le Livre»; d'où, par extension, «celui qui ne jure que par une seule doctrine».

Sources :
RAT, Maurice. Dictionnaires des expressions et des locutions traditionnelles, éditions Larousse 2007, Paris.
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.

mercredi 12 octobre 2011

Faire flanelle

Signification :
Échouer, rater.
S'attarder passivement et importunément dans un lieu sans participer à ce qu'on y fait.
Aller dans un établissement et ne pas consommer, ne pas acheter ni agir.


Origine :
Initialement, l'expression s'employait en parlant des clients (appelés eux-mêmes flanelles) des maisons closes qui venaient flâner et ne consommaient pas. Le sens de «échouer» correspond à l'image du fiasco, et dérive du premier emploi, les flanelles étant évidemment ceux qui, étant «mous», ne montent pas avec les filles.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Wiktionnaire.
Site Web Langue française.

mardi 11 octobre 2011

Passer (quelque chose) au bleu

Signification :
Ne plus s'occuper de quelque chose, le subtiliser.
Oublier volontairement quelque chose, l'effacer.
Disparaître par suite d'un emploi irrégulier ou clandestin.


Origine :
Il serait plus normal de dire : passer au blanc, pour suggérer l'idée d'effacement, bleu provient ici de l'emploi de bleu en lessive pour mieux blanchir le linge (préparation à base d’indigo et d'acide sulfurique dont les repasseuses se servaient pour faire blanchir le linge).

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Site Web Reverso.
Site Web Larousse (3e entrée).
Wiktionnaire.

Autres sources à consulter :
Site Web Expressions françaises.
Site Web Langue française.

lundi 10 octobre 2011

Faire un trou à la lune

Variante :
Faire un trou à la nuit

Signification :
S'enfuir furtivement sans payer ses créanciers.
Disparaître sans payer ses dettes.


Registre :
Vieux.

Origine :
Cette expression, courante au XVIIe siècle, a d'abord eu le sens de «partir sans être vu, et de préférence la nuit». Lune est expressif, mais peut-être suscité par une paronymie : faire un trou à la nue (aux nuages) est, semble-t-il, antérieur en ce sens (XVIe siècle).
Aussi, cette expression se baserait sur l'idée puérile qu'en trouant la lune, la terre deviendrait plus sombre et la fuite serait donc plus aisée à la faveur de l'obscurité. Peu à peu, l'expression a tendu à intégrer l'idée de banqueroute.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Site Web Expressions françaises.

Autres sites à consulter :
Wiktionnaire.
Site Web Langue française.

vendredi 7 octobre 2011

Jeter des pommes cuites à quelqu'un

Signification :
Conspuer, huer, siffler quelqu'un.
Désapprouver ce que cette personne dit ou fait en public.


Origine :
La pomme cuite est rendue molle par la cuisson; comme la tomate, l'œuf (de préférence pourri), elle constitue un projectile inoffensif mais infamant. On jetait autrefois des pommes cuites aux acteurs quand on était mécontent de leur jeu.

Sources :
RAT, Maurice. Dictionnaires des expressions et des locutions traditionnelles, éditions Larousse 2007, Paris.
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.

jeudi 6 octobre 2011

Bouillon d'onze heures

Signification :
Breuvage empoisonné.

Origine :
Renforcement assez obsur de donner le bouillon, «empoisoner». Le bouillon, breuvage produit par ébullition, a quelques connotations maléfiques.
Également, si on admet qu'il s'agit d'onze heures du soir, donc de la dernière heure de la journée (minuit marquant le début de la journée suivante), on a affaire à un jeu de mots entre la dernière heure du jour et la dernière heure de la personne condamnée.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 1997, Paris.
Site Web expressio.

mercredi 5 octobre 2011

Tailler une bavette

Signification :
Bavarder.
Discuter de façon informelle.


Origine :
L'assimilation de la «salive» à la «parole» se retrouve dans de nombreux emplois et expressions des mots de la famille de bave. Quant au verbe tailler, il s'est employé dans le contexte de la parole dès le début du XIIIe siècle, selon un effet de sens qui s'est réalisé en français avec débiter. Tailler une bavette est donc «débiter de la salive», débiter ayant le sens de «fournir une certaine quantité de liquide».

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.
Site Web expressio.
Site Web Franc parler.

mardi 4 octobre 2011

Changer de crémerie

Signification :
Changer de restaurant, de café.
Quitter un lieu pour un autre où l'on espère être mieux.


Origine :
Au XIXe siècle, une crémerie était un restaurant modeste, bon marché, attenant au magasin d'un crémier et avec lequel, souvent, il communiquait. On dit aussi qu'il s'agissait d'un «petit restaurant où l'on servait notamment du café au lait», et que crémerie a dû être employé comme euphémisme pour café.

Information additionnelle :
On trouve aussi se tromper de crémerie pour «se tromper d'adresse».

Sources :
PIVOT, Bernard. 100 expressions à sauver, éditions Albin Michel 2008, Paris.
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 2007, Paris.

Autres sources à consulter :
Site Web expressio.
Site Web Reverso.
Site Web Expressions françaises.

lundi 3 octobre 2011

Avoir l'air d'un accident de chemin de fer

Signification :
Avoir un aspect lamentable, catastrophé.

Origine :
Cette expression française remonte à la première guerre mondiale qui a tué et mutilé des milliers de soldats, notamment au visage. Après cette véritable boucherie et lors du traité de Versailles, George Clémenceau fit venir des «gueules cassées» pour témoigner de l'atrocité de cette guerre.
Plusieurs autres expressions françaises se sont rapprochées dans leur signification : avoir l'air d'un accident de chemin de fer, avoir la gueule à caler des roues de corbillard ou avoir une gueule de faire-part.

Sources :
REY, Alain et Sophie CHANTREAU. Le Robert dictionnaire des expressions et des locutions, édition 1997, Paris.
Site Web Expressions françaises.